Lorsqu’une femme enceinte découvre que son bébé est en siège lors de l’échographie, la perspective d’une césarienne peut inquiéter. Pourtant, il existe une alternative méconnue : la version par manœuvre externe, plus communément appelée VME. Cette technique obstétricale offre une chance supplémentaire d’accouchement par voie basse. Voici tout ce qu’il faut savoir sur cette procédure qui peut changer le cours de votre accouchement.
Sommaire (A lire dans cet article)
Qu’est-ce que la VME exactement ?
La version par manœuvre externe est une technique obstétricale qui consiste à faire tourner manuellement un bébé positionné en siège (fesses vers le bas) ou en position transversale pour l’amener tête en bas. Cette intervention se réalise par manipulation douce de l’abdomen, sans incision ni intervention chirurgicale.
Le praticien utilise ses mains pour mobiliser délicatement le bébé à travers la paroi abdominale.
Après avoir vérifié la position exacte de l’enfant par palpation et échographie, il effectue une rotation progressive pour amener la tête vers le bas, dans la position idéale pour l’accouchement.
Pourquoi proposer une VME ?
Au moment de la naissance, environ 5% des bébés se présentent par le siège. Cette position particulière augmente significativement les risques de césarienne. La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande d’ailleurs d’avoir recours à la version par manœuvre externe (VME) au vu du faible taux de risque associé.
L’objectif principal de la VME est donc de donner la possibilité d’accoucher par voie basse, en évitant une césarienne qui pourrait être nécessaire avec un bébé en siège. C’est une alternative naturelle qui respecte le souhait d’accouchement physiologique.
À quel moment peut-on réaliser une VME ?
La VME se pratique généralement entre la 36ème et la 37ème semaine d’aménorrhée. Cette période n’est pas choisie au hasard : il faut attendre que le bébé soit suffisamment développé, mais pas trop tard pour qu’il ait encore assez d’espace pour se retourner.
Certains praticiens peuvent proposer la technique dès la 34ème semaine, mais la plupart attendent la 36ème semaine pour optimiser les chances de succès. Plus on attend, plus l’espace devient restreint dans l’utérus, ce qui complique la manœuvre.
Comment se déroule concrètement une VME ?
Le déroulement de la VME suit un protocole précis et sécurisé. Voici les étapes de cette procédure :
Avant la manœuvre, le praticien effectue d’abord une échographie pour confirmer la position exacte du bébé et vérifier que tout va bien. Un monitoring fœtal est également réalisé pour s’assurer que le rythme cardiaque de l’enfant est normal.
Pendant la version, la patiente est allongée sur le dos. Le médecin ou la sage-femme place ses mains sur l’abdomen et effectue des mouvements de rotation doux mais fermes. La manœuvre elle-même ne dure que quelques minutes, mais elle demande la collaboration totale de la femme pour bien relâcher ses muscles abdominaux.
Après la VME, un nouveau monitoring vérifie que le bébé a bien supporté la manipulation. Si la patiente a un rhésus négatif, elle recevra une injection d’immunoglobulines anti-D par précaution.
Est-ce douloureux ? Les témoignages
La manipulation de l’abdomen peut provoquer un désagrément passager, selon les témoignages de femmes ayant vécu cette expérience. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la VME n’est pas un simple « massage ».
Les femmes décrivent généralement une pression importante et quelques moments inconfortables, surtout quand le praticien tente de mobiliser le bébé. La douleur n’est pas insupportable, mais elle n’est pas non plus négligeable.
L’essentiel est de bien respirer et de signaler immédiatement si la douleur devient trop forte.
Quelles sont les chances de succès ?
Le taux de réussite de la VME varie de 60 à 70% suivant les cas, tandis que d’autres sources mentionnent environ 50%. Cette variabilité s’explique par plusieurs facteurs :
- La parité : les femmes qui ont déjà accouché ont généralement plus de chances de succès
- La quantité de liquide amniotique : plus il y en a, plus la manœuvre est facilitée
- La position exacte du bébé : certaines positions de siège sont plus faciles à corriger que d’autres
- La souplesse des muscles abdominaux : une bonne relaxation favorise la réussite
Quels sont les risques de la VME ?
Bien que la VME soit considérée comme une technique sûre, elle n’est pas dénuée de risques. Les incidents restent exceptionnels, mais il est important de les connaître :
Les risques mineurs incluent un inconfort abdominal temporaire, des contractions utérines passagères, ou de légers saignements vaginaux. Ces symptômes disparaissent généralement rapidement.
Les complications rares peuvent comprendre une rupture des membranes (perte des eaux), des anomalies temporaires du rythme cardiaque fœtal, ou dans de très rares cas, la nécessité d’une césarienne d’urgence.
C’est pourquoi la VME se réalise toujours dans un environnement médical avec la possibilité d’intervenir rapidement si nécessaire.
Les alternatives naturelles avant la VME
Avant de recourir à la VME, plusieurs techniques naturelles peuvent être tentées pour encourager le bébé à se retourner :
L’acupuncture est une méthode douce qui peut être essayée dès la 32ème semaine. En règle générale, les bébés prennent leur position définitive la tête vers le bas au cours du 7ème mois. Lors de l’échographie du 3ème trimestre (~32SA) si le fœtus se présente le siège vers le bas, il est recommandé de commencer l’acupuncture.
Les positions posturales comme le pont indien peuvent également aider. Le « pont indien » consiste à s’allonger sur le dos puis à surélever ses fesses à 30 cm du sol. Pour qu’elle soit efficace, cette pose doit être pratiquée 20 minutes deux fois par jour.
La méthode de la musique ou de la lumière dirigée vers le bas du ventre peut parfois inciter bébé à se tourner vers ces stimuli.
Que se passe-t-il si la VME échoue ?
Si la VME n’a pas fonctionné, plusieurs options restent possibles. Le praticien évaluera avec la patiente les possibilités d’accouchement par voie basse en prenant en compte l’historique obstétrical, les mesures du bassin et les caractéristiques du bébé.
L’accouchement par voie basse reste possible dans certains cas, notamment si le bébé n’est pas trop gros et que le bassin le permet. Cette option nécessite une surveillance rapprochée et l’acceptation d’un risque légèrement plus élevé de complications.
La césarienne programmée peut être proposée ou choisie. Elle présente l’avantage de la prévisibilité mais implique une récupération plus longue et peut influencer les futures grossesses.
Mes conseils pour bien vivre sa VME
Si vous devez passer par une VME, voici les recommandations des professionnels de santé :
Préparez-vous mentalement : renseignez-vous bien sur la procédure, n’hésitez pas à poser toutes vos questions à votre praticien. La connaissance diminue l’anxiété.
Pratiquez la relaxation : plus vous serez détendue, plus la manœuvre sera facilitée. Apprenez quelques techniques de respiration profonde.
Faites-vous accompagner : la présence de votre partenaire peut être rassurante, même si sa participation reste passive.
Restez positive : même si la VME échoue, vous avez donné toutes les chances à votre bébé de se positionner naturellement.
La VME représente une opportunité précieuse d’éviter une césarienne quand le bébé est en siège.
Bien qu’elle ne soit pas garantie à 100%, elle offre des chances réelles de succès avec des risques limités. L’essentiel est de bien s’informer, de faire confiance à son équipe médicale et de garder à l’esprit que quelle que soit l’issue, l’important est que le bébé arrive en bonne santé.
N’hésitez pas à discuter de toutes ces questions avec votre sage-femme ou votre gynécologue-obstétricien. Chaque situation est unique et mérite une approche personnalisée.
Les sources fiables pour approfondir vos connaissances sur la VME
Pour obtenir des informations complémentaires et fiables sur la version par manœuvre externe, plusieurs sources françaises de référence sont recommandées :
Le Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF) publie des recommandations pour la pratique clinique spécifiquement dédiées à la VME et à la présentation du siège. Ces guidelines professionnelles constituent la référence en matière de bonnes pratiques obstétricales.
La Haute Autorité de Santé (HAS) propose des recommandations sur les indications de césarienne programmée, incluant les situations de présentation du siège où la VME peut être une alternative.
Les services de gynécologie-obstétrique des grands hôpitaux français comme la Pitié-Salpêtrière, le CHU de Lille, ou l’hôpital Monod du Havre mettent à disposition des fiches d’information patientes détaillées sur la VME.
Les revues médicales spécialisées telles que « Gynécologie Obstétrique Pratique » et « Sage-Femme Pratique » publient régulièrement des articles actualisés sur les techniques de version et leurs résultats.
Ces sources officielles garantissent des informations médicalement validées et régulièrement mises à jour selon les dernières données scientifiques.